Carla Bruni "mérite la mort", selon un journal iranien, le gouvernement condamne

Le quotidien iranien Kayhan est revenu à la charge mardi contre Carla Bruni, l'épouse du président français, pour avoir défendu une Iranienne menacée de lapidation estimant qu'elle-même "mérite la mort" pour sa vie "immorale", le gouvernement iranien désapprouvant ces propos.

Kayhan, quotidien ultra-conservateur coutumier de propos insultants et outranciers à l'égard de responsables iraniens ou étrangers, avait assimilé samedi Carla Bruni à une "prostituée" en raison de sa vie privée jugée "immorale".

Le journal a renouvelé ses attaques mardi dans un article rejetant "l'indignation de cette prostituée italienne" après l'article de samedi.

"L'examen des antécédents de Carla Bruni montre clairement pourquoi cette femme immorale a soutenu une femme iranienne condamnée à mort pour adultère et pour avoir participé au meurtre de son mari, et en fait elle mérite elle-même la mort", a ajouté le journal.

Le ministère français des Affaires étrangères français a qualifié ces insultes d'"inacceptables" précisant qu'elles ont fait l'objet d'un "message" adressé à Téhéran.

"La République islamique n'approuve pas l'insulte contre les responsables des autres pays", a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast interrogé sur cette affaire lors de son briefing hebdomadaire.

"J'espère que tous les médias feront attention", a-t-il poursuivi. "On peut critiquer la politique hostile de certains pays ou le comportement des responsables d'autres pays et exprimer notre protestation, mais il ne faut pas utiliser des mots insultants. Cela n'est pas correct".

La presse iranienne s'est gardée d'emboîter le pas à Kayhan, poursuivi régulièrement devant les tribunaux pour ses outrances verbales.

Mais le site internet du groupe de presse gouvernemental Iran, www.inn.ir, a relancé l'affaire en écrivant lundi que "les médias occidentaux, en détaillant ses nombreux antécédents d'immoralité, ont implicitement confirmé que (Carla Bruni) méritait ce titre" de prostituée donné par Kayhan.

Mme Bruni-Sarkozy avait affirmé le 23 août dans une lettre ouverte que "la France n'abandonnera pas" Mme Sakineh Mohammadi-Ashtiani, mère de famille de 43 ans condamnée à mort par lapidation dans une affaire mêlant, selon la justice, des adultères et le meurtre de son mari.

Téhéran a annoncé début juillet la "suspension" de la sentence de lapidation et la révision du cas de Mme Mohammadi-Ashtiani, dont la situation a provoqué une intense émotion dans les pays occidentaux et notamment en Europe.

Les propos outranciers et injurieux de Kayhan contre des personnalités iraniennes ou étrangères lui ont valu de nombreux procès parfois retentissants. Le dernier en date, en février, a réuni deux personnalités aussi différentes que le prix Nobel de la paix Shirine Ebadi et le chef de cabinet du président Mahmoud Ahmadinejad Rahim Machaie, qui ont été déboutés.

Le site internet conservateur Asriran avait critiqué lundi l'article publié samedi par Kayhan, estimant que "les médias iraniens qui se réclament de la culture islamique et iranienne doivent se montrer courtois dans leurs commentaires, même s'ils concernent des ennemis". "Les excès d'un journaliste ou d'un journal ne représentent pas l'opinion du gouvernement ni du peuple iranien", avait-il ajouté.

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