Les patrons voyous des fictions des télés tunisiennes

Loin de la polémique autour des taux d’audience et des instituts de sondage, loin des paillettes et des potins de star, loin de vouloir critiquer la qualité des fictions servies par le petit écran, on ne peut ignorer le traitement très spécial que réservent les productions tunisiennes aux patrons tunisiens.

Les feuilletons se suivent et ne se ressemblent pas. Pourtant, ils finissent par adhérer au même discours et à une même représentation. Les patrons à la TV, ce ramadhan, sont quasiment tous corrompus, sans scrupules, magouilleurs, voleurs, trafiquants… Tous les soirs devant le petit écran, on ne peut échapper aux préjugés et stéréotypes de nature à dévaloriser et dénigrer les patrons. Tout y passe: Le travail souvent bâclé, la voiture souvent grosse, la maitresse souvent blonde, le cigare souvent énorme, la silhouette souvent généreuse, les cheveux souvent blancs, les chèques souvent en bois, les propos souvent fumants, les coups souvent bas…

Les patrons de «Njoum ellil», «Casting» ou encore «Min Ayem Maliha» sont systématiquement sans principes, affairistes, menteurs, corrompus et corrompant à bout de bras. Dessinés avec foison de détails, leurs rôles restent limités au rôle de repoussoir pour le grand public. Loin de véhiculer des valeurs du travail et de l’honnêteté, ils sont caricaturés à outrance.

Ces fictions traduisent-elles une vraie perception des patrons tunisiens ou servent-elles à heure de grande audience, de donner une image déformée et déformante? Est-il question de servir à un public ce qu’il attend ou lui donne-t-on pour le coup un peu plus ? Un peu plus qu’il n’en faut !

Il n’y a rien de surprenant à voir un patron mal traité occasionnellement par une production. Ce qui frappe, c’est le caractère systématique de cette présentation. Mis à part le jeune Chawki, héros de «Njoum ellil», qui s’évertue à la tâche et tente de sauver un jeune de la délinquance en lui procurant de la dignité par le travail, les productions télévisuelles ramadhanesques mettent en avant les voyous et les opportunistes. Ceci laisse augurer pourtant que rien n’est perdu. Le meilleur resterait-il à venir avec les futurs jeunes chefs d’entreprise?

En attendant, il est regrettable d’oublier que les patrons et leurs entreprises, en plus de leur rôle économique et financier, participent à l’édification du lien et de la cohésion sociale d’un pays.

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