Un jeu anti-minaret qui scandalise l'Autriche et non pas dans les pays islamiques

"Cher visiteur, en raison de l'influence politique de nos opposants, ce jeu a été interdit par les autorités judiciaires autrichiennes." C'est avec ce message que le parti d'extrême droite autrichien FPÖ accueille ceux qui veulent s'essayer au jeu, qui a fait scandale ces dernières semaines au pays de Mozart. Intitulé Moshee ba ba, soit Bye bye mosquée, le jeu islamophobe avait été mis en ligne sur le site du Parti libéral d'Autriche dédié aux élections régionales du 26 septembre dans la région de Styrie, au sud-est du pays. Il a été fermé jeudi par le parquet de Graz, capitale de la région, qui a appliqué une loi sur les médias pour le faire interdire après l'ouverture d'une enquête pour suspicion d'incitation à la haine et dénigrement d'une religion.
Le jeu flash invitait les participants à gagner des points en détruisant des minarets ou en visant des muezzins qui appelaient à la prière. Après avoir virtuellement tiré sur des dizaines de tours qui poussaient devant les montagnes autrichiennes, le joueur pouvait lire ce texte sans équivoque : "Game over. La Styrie est remplie de minarets et de mosquées ! Ne laissez pas cela perdurer, votez pour le FPÖ le 26 septembre."
Moshee ba ba est une adaptation d'un jeu créé par l'agence du publicitaire helvétique Alexander Segert pendant la campagne du référendum suisse sur l'interdiction des minarets de novembre 2009. Depuis sa mise en ligne, la version autrichienne a beaucoup fait réagir les personnalités politiques et religieuses de tout bord. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en visite en Autriche la semaine dernière, a même déclaré : "Le fait de dénigrer la foi d'un autre peuple est quelque chose d'inacceptable. C'est de l'islamophobie." Selon des estimations du ministère de l'Intérieur autrichien, le pays compte environ 500.000 musulmans pour 8 millions d'habitants. En Styrie, deux projets de construction de mosquées sont à l'étude, tous deux à Graz, et un seul prévoit un minaret. Ce n'est pas la première fois qu'un parti d'extrême droite profite d'Internet pour proposer des jeux à connotation raciste ou xénophobe. L'année dernière, c’est la ligue du Nord italienne qui s’était fait reprimander a chause d’un jeu sur Facebook où il fallait renvoyer des clandestins.

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